]Au bain, Marie [
]Au bain, Marie [
Cétait un de ces dimanche ou le froid avait remplacé la douce musique des cieux, un jour gris délavé, pas trop salé, encore moins sucré.
Je men inspirais pour coucher des mots sans sens, des sens
sans mots des fois, en phrases antagonistes. Un peu dérotisme, de duel de
corps de phrases, de pin-up textuelles.
Et un nom qui revenait, qui sécrivait et se déroulait pour
devenir litanie dencre bleu nuit.
Marie, Marie, Marie
Ce nom virait à lobsession. Mon écriture, une calligraphie
tournoyante en cascade de lettres qui toujours devenaient ce prénom. Et une
main frôla mon épaule.
Un frisson me secoua de léchine à la nuque.
Fébrile je me retournais, non sans remarquer quun de me
dessins était devenu vierge, silhouette découpée sans corps.
Car ce corps, qui avait prit vie, était là devant moi, son
éden qui métait offert : sa nudité encore fraîchement peinte en un acte
de délivrance pour mes passions.
Lodeur subtile des pigments menivrait. Javoue, je
chavirais.
Je voulais prononcer ces quelques lettres, la douce musique
de son nom, mais un de ses doigts effilés posé sur mes lèvres me scella la
bouche.
En silence que je laccompagnais dans la salle de bain, me
dévêtant et laissant choir mes oripeaux au passage. Mes pâles chairs
frémissaient.
Javais bien trop peur de la voir senvoler.
Puis la baignoire fut remplie, elle minvita à my coucher,
la chaleur mordante me caressant. Elle se joignit à moi. Josais enfin poser
mes mains sur son cou, sa poitrine offerte, les boutons de son plaisir. Sa tête
rejetée en arrière elle sabandonnait. Autour de nous leau devenait tourbillon
de couleur, et sa peau perlait, de milles gouttes onctueuses qui venaient
recouvrir mes doigts et mes mains. Sa substance vitale maculait mes avant-bras,
mon torse, et ma bouche sabreuvait de ses soupirs teintés de blanc, jaune,
sépia. Je maveuglais de son corps qui fusionnait avec le mien, sécoulait sur
moi et à la fin pour mécrouler dans leau.
Elle, avalée par ce bain glouton. Moi, dans cette visqueuse mare
moirée de couleurs sentrelaçant. Je mécroulais dans le bain de son sang, de
mes sens liquéfiés.
Recroquevillé, tel un cormoran piégé par les pigments, je
rêvassais sur elle.
Plaisir supra naturel.
Dans son bain, à Marie