Sans titre
(ceci est un texte créé suite à un jeu, qui demandait la réinterpération personnelle d'un texte. Avant ma création, j'exposerais en petit et en italique, le texte original de Myrrdh - l'initiateur de ce jeu d'écriture)
Le but est simple: un texte à modifer selon VOTRE style, vos mots, votre ponctuation, votre espacement et que sais-je encore. Gardez l'idée principale et libérez vos plumes de leur écrin...
***
Entendez-vous la musique du monde ? Entendez vous le râle de cette masse pesante et trébuchante qui chaque jour se presse vers la gueule de ces bêtes immondes couleur béton ? Cette musique vous fait rêver, cette musique vous berce et vous maintient dans ce sommeil qui dure une vie. Vous ne faites que rêver la vie que vous menez, vous n'entrevoyez rien d'autre que ce que la 'raison' vous mène à croire Jamais vous ne doutez, ce n'est pas fait pour vous.
Imbécile ! Ne vous rendez-vous pas compte que tout ici n'est qu'illusion ? Ce monologue déjà, ces paroles, ces lettres Je suis fou et c'est cela qui me permet de vous dire ce que je pense Rien au monde n'est vrai, je vois déjà des millions d'helminthes grouiller et se faire écraser sous vos pas Je les vois parce que je me suis réveillé, parce que je l'ai voulu
Allez au bout de vos rêves, allez-y, n'hésitez pas, vous ne rencontrez que cette abyme grisâtre dans laquelle je me suis plongé.
Une chute. Un moment infini. Un instant d'éternité. Un écrasement sur le sol. Mon cerveau s'affole, dégringole et coule dans la rigole qui le jette dans un caniveau J'avais pensé qu'une mort touche bien plus que cela. J'avais pensé qu'une vie importait à celui qui l'avait vécue. Rien. Pas un sentiment, je n'en n'ai que faire. Cette vie n'est qu'un songe, vous en faisiez partie et si vous saviez seulement comment je vous vois, vous ne me regarderiez pas comme cela.
A vous revoir une fois prochaine dans votre sommeil jeune homme
C'est sur ces mots qu'il se réveilla et vit sa chambre, son monde avec plus de distance. Haletant, en sueurs, il attend le fantôme qui viendra une fois de plus hanter ses nuits
Ma version:
Une divine musique
Doucement, très doucement. Trop doucement.
Musique des sphères
Un air bourdonne à mes oreilles.
Odeur de fer. Dartères.
Cest la musique du Parrain.
Jai mal.
Je chute.
Je meurs.
Fondus au noir.
Lumière
Je regarde ma chemise, tâches blanches sur fond bleu. Tout
commence à bouger, la chemise devient firmament, les tâches des nuages nacrés.
Je me frotte les yeux.
Une serveuse me frôle la cuisse de la main. Réaction
machinale, matinale. Je me sens gêné. La toile du pantalon est vraiment légère.
Et ma réaction visible, spontanée. Mais elle sen fout.Tout le monde sen fout
en fait.
Je les dévisage, ces treize personnes (serveur, serveuse et
clients compris). Aucun ne se soucie de ma gêne. Je ne suis pas dans le même
monde queux. Quoi que ?
Un couple. Lhomme me fait signe. La femme me sourrie.
Je mapproche, mattable, massied. Je commande un café.
Lhomme tient quelquechose entre deux de ses doigts, index
et pouce.
« Tu sais ce que cest ? » me demande t-il.
Je vois bien que cest un ver. Un blanc et juteux asticot. Juteux, je le sais
car à mes paroles lhomme écrase le parasite.
« Cest rituel » me dit-il en sessuyant les
doigts dans une serviette marquée au sceau dun lys doré. « Par cette
destruction symbolique, cest un million dhelminthes qui meurent »
« Je ne comprends pas » lui dis-je, sincèrement.
Etrange. Tout cela est étrange.
« Tu comprendras » massure-t-il. Je nai dyeux
que pour sa compagne.
Il ressemble à Marlon Brando jeune, le tein plus cireux et
les cheveux plus sombres.
Elle cest une déesse. Etoile du matin. Ma gêne me reprend.
Je rougis. Vivian Leigh. Mais blonde. Une poitrine plus militaire.
« Mon nom est Jakin » me dit lhomme « et
voici Boaz, ma femme
»
Je crie.
Fondus au noir
Jakin est là, non loin, me parlant, lair distant. Seul
point qui le rallie à moi, son cigare, usine à fumée qui en sac et ressac
massaillit et se rétracte.
Boaz est plus proche, accoudée. Penchée en avant, décolleté
et regard plongeant.
La fumée lévite. Pourtant je suis face à elle, regard
intoxiqué, rouge braisé même si mes yeux nont dyeux que pour elle. Eternelle.
Et lui, il parle, sans répit et sans fin. Il ne nous regarde
même plus.
Elle me prend la main délicatement. Et cette fumée qui
maggresse. Comme si dinstinct elle savait cette scene contre nature et voulait
défendre celui à qui elle devait son éphémère existence. Les pieds de Boaz
rencontrent une de mes jambes, le pantalon est toujours aussi fin. Et le désir
toujours aussi plein. Les mots se mêlent aux sensations, et les sensations aux
volûtes fantômatiques. Mes yeux me piquent. Leur deux formes se brouillent,
alors que seul les appels au vice de Boaz me rappelent la réalité de la
situation
Jakin parle en un hymne :
«Entends-tu ? Cette musique. Le monde est son violon.
Et le râle. Le cri. Des moutons. Vous rentrez et sortez de vos temples fait de
billets. Dragons de béton. Les violons, rêveurs, violeurs. Violeur de votre vie
dans le sommeil de vos âmes. Rien. Rien na de sens. Votre existence ? Un
vide chloroformé. Un rêve dépouillé de toute essence. Toute décisions. Tout est
juste, tout est bon. Sauf le doute. Pas bien. Pas le doute
»
Je suis comme hypnotisé. Dodelinant du chef. Mes jambes
ouverte, anesthésiées, le pied précis massant ce qui me fait honte en ce moment
même. Mes yeux fermés, mais bientôt ouverts. Je veux voir. Je veux méveiller.
« Imbécile ! Tu gardes les yeux fermés !
Cest normal, ouvert tu ne perçois quillusion. Ce monologue déjà. Ces
paroles » jentre-ouvre les yeux, la fumée sest faite alphabet. Le pied
de Boaz, à mon grand regret, quitte le seuil de mon plaisir.
« Et ces lettres évanescentes. La folie a nimbée nos
formes. Nous rendant un corps avec lequel nous pouvons te parler. Car rien au
monde nest vrai. Mon sacrifice. Mon ver émissaire. Le prix à payer pour voir. Décide
cela. Maintenant. Comprends
»
Boaz est distante, Jakin perdu. Deux formes derrière un
opaque voile. Cela se dissipe un peu, et au loin des deux silhouettes je ne
reconnais que leur forme, longiligne.
Deux collonnes, parfaites, majestueuses. Parfaites.
Sagesse et intelligence.
Sans le vouloir je me dérobe de ma chaise, part vers
larrière.
A lenvers je vois des mariachis se placer sur une estrade. La
scène se déroule au ralenti. A mes pieds un abîme grouillant, saumâtre et
grisâtre. Jy plonge quand les premiers accords se font entendrent
Je vais doucement, très doucement.
Trop doucement.
Musique des sphères.
Un air bourdonne à mes oreilles.
Odeur de fer. Dartères.
Cest la musique du Parrain.
Jai mal.
Je chute.
Je me réveille.
Au pied du lit.
Le reveil chante.
Et le désir me hante